Lorsque la Première Guerre Mondiale débute, les compositeurs belges adoptent presque unanimement une ligne tout aussi radicale que leurs collègues français ou anglais. Le mot d’ordre devient : « Tout sauf l’Allemagne ! ». Dans les Conservatoires, les pédagogues donnent l’impression de se replier sur des gloires nationales solides et rassurantes et César Franck redevient la figure tutélaire de la musique belge. Ce qui domine la création en matière de musique savante, c’est un langage postromantique. Le changement le plus important de la période de guerre viendra cependant de la prise de conscience, par les acteurs économiques essentiellement, de l’importance des répertoires « populaires ». Pour la première fois sans doute dans l’histoire de la musique occidentale, ce sont elles qui deviennent le paradigme de la production musicale pour ce qui concerne les évolutions technologiques, la structure du marché, le fonctionnement des droits d’auteurs, l’édition et la diffusion. Ce sont désormais les approches capitalistes mises en place pour les musiques populaires qui s’imposeront aux autres genres musicaux.