Le présent article a pour objectif de s’interroger sur les causes de placement en institution psychiatrique fermée, dans la Belgique de l’entre-deux-guerres. Plutôt que de partir des archives produites par ces institutions, nous nous intéressons à la consultation d’hygiène mentale, où le psychiatre rencontre des hommes, des femmes, des filles et des garçons. Ces consultations, mises en place dans les années 1920, débouchent dans certains cas sur une hospitalisation en milieu psychiatrique fermé. Pourquoi ? Nous profitons ici de l’occasion unique de pouvoir étudier la pratique d’un même médecin dans un même lieu, à l’égard des deux sexes, pour tenter de mieux comprendre ce que représente le placement en psychiatrie à une période où la psychiatrie étend ses compétences en dehors du modèle asilaire classique. Qu’est-ce qui pousse ces hommes et ces femmes à consulter un psychiatre ? Quels sont les éléments retenus par le médecin pour conseiller ou favoriser un placement ? Quelle est la place des malades et de leurs proches dans cette procédure : ont-ils la possibilité de s’exprimer quant à leur volonté d’être ou de ne pas être placés ? Il s’agit ici d’un article préliminaire à une étude plus vaste dont l’intérêt est de dresser des tendances indispensables à la compréhension de l’ensemble. ; The purpose of this article is to examine the causes of placement in closed psychiatric institutions in Belgium between the two world wars. Rather than starting from the archives produced by these institutions, we will examine the mental health consultation, where the psychiatrist meets men, women, girls and boys. These consultations, which began in the 1920s, resulted in some cases in hospitalization in a closed psychiatric setting. Why ? This is a unique opportunity to study the practice of the same physician in the same place, with respect to both sexes, in an attempt to gain a better understanding of what it means to be placed in psychiatry at a time when psychiatry is expanding its skills outside the traditional asylar ...