À l’origine du voyage proposé, il y a les terroirs wallons, souvent décrits comme un « terreau » propice pour la bande dessinée. On ne peut en effet oublier que quelques expériences d’enfance de ce nouveau média se situent là , avec notamment l’« école » de Spirou, à Charleroi, avec l’initiateur au talent immense et polymorphe que fut Jijé, suivi d’élèves prestigieux comme Franquin. Quelque peu en retrait du champ de vision de l’institution littéraire parisienne, la Wallonie a pu développer à l’aise, dès avant la Deuxième Guerre, cette forme d’expression considérée alors comme marginale, en tout cas vouée semblait-il à végéter dans les zones obscures de l’infantile, du naïf ou duburlesque. Avec Hergé, l’école de Bruxelles vécut la même aventure, forçant par sa créativité et son équilibre les portes de la reconnaissance. Dans les années 1950, à l’époque des grandes heures de Spirou, cette production de la marginalité réussira à s’ouvrir au lectorat de France, bénéficiant ainsi d’opportunités offertes par ce marché pour améliorer sa qualité technique et esthétique. Dans quelle mesure des traces d’un enracinement régional sont-elles perceptibles dans cette production ?