L’École est un lieu où les élèves apprennent. Mais l’École n‘est pas que cela. C’est est aussi une institution de « socialisation », orientée vers la promotion de certains types de sujets et de conceptions de la vie collective. Depuis la fin du XVIIIe siècle, elle s’est, en effet, progressivement imposée comme l’un des piliers de l’intégration des sociétés nationales. Au cours du XIXe siècle et jusqu’à la deuxième moitié du XXe siècle, elle pouvait s’appuyer sur des « allants-de-soi » relatifs aux « rôles » de l’enseignant·e et de l’élève, aux valeurs et aux principes qui fondaient les finalités et l’action éducative. Depuis la deuxième moitié du XXe siècle, ces repères sont ébranlés. Le(s) type(s) de sujet(s) à former, le(s) mode(s) d’intégration sociale et culturelle à promouvoir, le rapport à l’ordre scolaire ne vont plus de soi. Dès lors, le travail de socialisation, réalisé par les enseignant·e·s semble davantage reposer sur des arbitrages réalisés à l’échelle individuelle ou locale que sur des normes et des valeurs définies en amont. La proposition qui guide la réflexion menée dans notre recherche est que « l’indétermination normative » ambiante a pour corollaire la nécessité, pour les enseignant·e·s de reconstruire du sens à des échelles locales. L’enjeu étant de relier la socialisation des jeunes générations à des valeurs, à des normes, en somme à des projets éducatifs et pédagogiques susceptibles de fonder et de guider leur activité d’enseignement. On en sait peu aujourd’hui sur la diversité des orientations prises par les enseignant·e·s au sein du système éducatif belge francophone et sur la manière dont le paysage scolaire se reconfigure. À partir d’une enquête quantitative par questionnaire réalisée auprès de près d’un millier d’enseignant·es exerçant dans une quarantaine d’établissements secondaires en Communauté française de Belgique, l’ambition de notre thèse est ...