Malgré les politiques éducatives visant la réduction des inégalités à l’école, la massification de la fréquentation scolaire depuis les années 1960 a été accompagnée d’une hiérarchisation sociale croissante des filières mais s’est aussi traduite dans des pratiques scolaires différenciées pour les filles et les garçons. La recherche menée par le Centre d’Etudes Sociologiques entre octobre 2008 et septembre 2009 s’est attaché à éclairer le jeu des mécanismes sociaux, institutionnels et subjectifs qui interviennent dans la différenciation sexuée des trajectoires scolaires. Pour cela, un dispositif méthodologique associant plusieurs techniques a été mis en oeuvre. Trois enquêtes ethnographiques ont été réalisées tout au long de l’année scolaire 2008-2009 au sein de classes de deuxième année appartenant à des établissements contrastés, en combinant entretiens individuels avec des élèves et différents acteurs de l’école et observations participantes aux « moments-clés » de l’orientation. Deux analyses en groupe ont par ailleurs été réalisées avec des jeunes filles ayant suivi une trajectoire scolaire atypique et positive : d’une part des étudiantes universitaires engagées dans des filières scientifiques, d’autre part des rhétoriciennes d’origine immigrée ayant eu un parcours de réussite dans l’enseignement général. Le volet ethnographique de l’enquête a mis en évidence, tout d’abord, que les différences de scolarisation entre filles et garçons se construisent notamment au sein du microcosme que constitue chaque établissement. Malgré les réformes allant dans le sens d’une homogénéisation, l’espace scolaire est marqué par des spécificités qui poussent les écoles à défendre leur légitimité sur le « marché scolaire » en développant leur identité propre. Les études de cas ont ainsi permis d’esquisser trois modèles-types d’école articulés chacun autour d’une fonction dominante parmi les trois grandes ...