Aborder la maison Patze-Englebert, c’est raconter l’histoire d’une pensée architecturale maximaliste qui se matérialise dans un projet ultra-local. L’article propose le récit de ce grand écart improbable, entre mythe de “la maison de demain†et réalités concrètes d’un territoire. Lorsque Jean Englebert rencontre le menuisier Heini Patze, à la fin des années 1960, l’industrie forestière ardennaise est menacée par la crise sidérurgique. Patze et Englebert font le pari d’une invention: une maison industrialisée à ossature en bois, à géométrie variable, adaptée à tous les budgets et proposant un mode de vie nouveau. Ce système permettrait de redresser l’économie locale, de rationaliser les chantiers, répondrait au besoin d’évolutivité de la maison de demain, et permettrait même parfois d’inclure l’habitant dans l’aventure de la construction. Quarante ans plus tard, Jean Englebert n’a pas, selon ses propres termes, “patzé la Wallonieâ€. Si la trentaine de maisons construites selon ce système entre 1967 et 1983 n'est en effet pas à la hauteur du succès maximaliste imaginé à l’époque, le fait qu'elles soient encore habitées avec conviction et plaisir témoigne d'un honorable succès local, que l’article propose de mettre en lumière. L'épopée du système Patze-Englebert est racontée à travers 3 objets d'archives qui en ont posé les jalons: la genèse d'une pensée, avec le catalogue de l’exposition “Préfabrication: mythe ou réalité?†(1970), la mise au point technique, avec la vidéo du montage d'une maisonnette à Wirtzfeld (1974), la méthodologie d'implication des habitants, avec la brochure publicitaire éditée par Patze (approx. 1970). En écho de ces archives, des observations de la vie au présent dans quelques maisons Patze-Englebert ramènent le récit au présent. Racontée par ses habitants, la maison Patze-Englebert démontre sa capacité à s’adapter, évoluer, vieillir. Ces témoignages démontrent sa grande valeur d’usage, qui ...