Cet article analyse la transposition du Cadre européen des certifications pour l’éducation et la formation tout au long de la vie (CEC) en Belgique francophone. Il montre que le processus de transposition a produit successivement divers effets de l’européanisation : l’inertie, le retranchement et l’absorption. Plutôt que de s’appuyer sur les néoinstitutionnalismes rationnel et sociologique, l’auteur propose de s’appuyer dans un premier temps sur l’idée fondamentale de Lascoumes et Le Galès, selon laquelle un instrument est porteur de valeurs et de normes. En identifiant la forme de régulation que sous-tend le CEC et en la comparant aux structures institutionnelles des systèmes d’enseignement et de formation belges francophones, il est possible d’analyser le décalage (misfit) entre le modèle européen et la structure domestique. Dans un deuxième temps, l’auteur propose d’utiliser la notion de controverse de Callon pour analyser la manière dont les acteurs réagissent à ce décalage. L’hypothèse est que les intérêts, les enjeux et l’identité des acteurs se construisent en même temps que la controverse.