Le fédéralisme belge creuse-t-il sa propre tombe ? Pour nécrologique qu’elle puisse paraître, la question qu’entend soulever cet article n’appelle néanmoins pas à une dissertation sur la fin de la Belgique. Il ambitionne davantage d’explorer le paradoxe du fédéralisme belge : et si le fédéralisme mis en place progressivement en Belgique, transformant son État unitaire en un État fédéral, portait en germe non seulement les ingrédients de la pacification du conflit communautaire mais aussi le terreau de sa fertilisation. Généralement considérée comme un système politique divisé, mais stable, la Belgique se caractérise par des clivages structurant traversant l’ensemble de la société. Cependant, divisée dès son origine en 1830, la Belgique l’est encore devenue davantage au fil du temps avec la prépondérance de plus en plus grande du clivage linguistique, subordonnant et cristallisant les tensions économiques, culturelles, sociales et politiques du pays.