Depuis plusieurs années, l’usage de panels citoyens s’est fortement développé à la suite du «tournant délibératif». L’utilisation grandissante de ces mini-publics pose la question de leur lien avec le grand public. Plus particulièrement, il s’agit d’interroger les ressorts de la légitimité accordée à un panel citoyen par des personnes qui n’y ont pas participé directement mais qui y aspiraient. Le panel citoyen «Make your Brussels Mobility» offrait un cas d’étude intéressant parce qu’il a été constitué à la suite d’un double tirage au sort : d’abord, sur 8000 personnes, et ensuite au sein des – 377 – personnes qui ont répondu positivement à la première invitation. Dans ce chapitre, nous nous sommes concentrés sur un groupe spécifique qui n’avait pas encore été étudié dans la littérature : les citoyens qui ont répondu positivement à l’invitation du premier tirage au sort, mais qui n’ont pas été sélectionnés dans le second échantillon. Ce groupe est d’un intérêt particulier pour aborder la question de la connexion entre le panel citoyen et la sphère publique. En effet, si ce groupe accorde une grande légitimité au panel citoyen du fait d’y avoir initialement été invité et d’avoir par-là été sensibilisé à l’existence de ce panel citoyen, alors il est important d’étendre le plus largement possible cette invitation. En d’autres termes, s’il y a bien un lien entre sensibilisation et invitation à participer au panel citoyen d’une part et une large perception de sa légitimité d’autre part, on pourrait penser à asseoir la légitimité d’un panel citoyen au sein du plus large public en augmentant le nombre de citoyens tirés au sort, qui seraient dès lors sensibilisés à l’existence de cet éventuel panel citoyen.