Au tournant du XXIème siècle, on a vu se développer, chez un certain nombre d’experts et de responsables éducatifs dans une diversité de contextes, un engouement en faveur d’une refonte des objectifs et des méthodes d’apprentissage véhiculés par les systèmes éducatifs nationaux : l’approche par compétences se propage alors globalement. Elle est adoptée par un très grand nombre de pays et d’acteurs, dans l’enseignement primaire et secondaire, dans l’enseignement général et dans l’enseignement qualifiant. Cette large diffusion de l’approche par compétences ne se réalise pas sans générer des tensions liées à la diversité des acteurs (acteurs éducatifs mais aussi acteurs externes au monde éducatif) et des niveaux concernés (niveau politique, niveau intermédiaire, niveau local). Ces multiples acteurs occupent des positions différentes dans le champ éducatif, défendent des intérêts différents et prennent dès lors également des positions contrastées à l’égard de ce modèle. Les pédagogues et les acteurs économiques n’ont pas la même conception de la notion de compétence ; la manière dont l’OCDE ou les acteurs politiques conçoivent les choses se distingue souvent de ce que pensent les enseignants qui sont eux-mêmes parfois divisés entre eux sur ces questions ; les attentes des parents ou celles des élèves sont également en tension entre elles et avec les autres niveaux et acteurs concernés. Cet ensemble d’acteurs forment donc un champ, c’est-à -dire un espace social spécifique, espace structuré de positions et de prises de positions qui se distinguent les unes des autres. Ce chapitre entend étudier la manière dont les enseignants répondent à l’approche par compétences (APC) en Communauté française de Belgique. On sait que cette approche a fait l’objet de critiques de la part des acteurs de l’enseignement lors de son adoption. Mais qu’en est-il aujourd’hui ? Et, de manière plus fine, quels sont les aspects de l’APC qui ...