L’ennemi préféré. La France comme contre-image pour la Belgique à la recherche d’une identité nationale (1830-1914)

Afin de légitimer son existence en tant qu’État-nation, la Belgique, devenue indépendante par moyen d’une révolution en 1830-1831, définit sa culture et son identité nationales. Cette définition impliquait l’insistance sur les éléments qui pouvaient distinguer les Belges des autres, et notamment des nations qui lui étaient les plus proches et les plus similaires. C’est surtout en se distinguant des Français que les Belges ont voulu affirmer leur nationalité. Cette identité nationale était cherchée aussi bien que projetée dans le passé, ce qui inspira une histoire nationale cohérente, écrite pa... Mehr ...

Verfasser: Verschaffel, Tom
Dokumenttyp: bookPart
Erscheinungsdatum: 2019
Verlag/Hrsg.: Presses universitaires de Rennes
Schlagwörter: mythe / Europe / France / gallomanie / gallophobie / histoire des représentations / History / HIS010000 / HBJD
Sprache: Französisch
Permalink: https://search.fid-benelux.de/Record/base-26940577
Datenquelle: BASE; Originalkatalog
Powered By: BASE
Link(s) : http://books.openedition.org/pur/116616

Afin de légitimer son existence en tant qu’État-nation, la Belgique, devenue indépendante par moyen d’une révolution en 1830-1831, définit sa culture et son identité nationales. Cette définition impliquait l’insistance sur les éléments qui pouvaient distinguer les Belges des autres, et notamment des nations qui lui étaient les plus proches et les plus similaires. C’est surtout en se distinguant des Français que les Belges ont voulu affirmer leur nationalité. Cette identité nationale était cherchée aussi bien que projetée dans le passé, ce qui inspira une histoire nationale cohérente, écrite par les historiens du pays et popularisée par tous les moyens afin de répandre ainsi la conscience nationale et le patriotisme. Le fil rouge de cette histoire nationale repose sur le mythe des dominations étrangères : l’idée que les Belges ont toujours été, dès l’époque romaine et Jules César, jusqu’à la Révolution de 1830, « dominés » par des souverains et des peuples étrangers. Dans cette histoire, la France joue le rôle principal de l’ennemi naturel et éternel, toujours aux aguets pour priver les Belges de ce qui leur est le plus cher et de ce qu’ils considèrent comme l’essence de leur identité historique : la liberté. Dans la littérature nationale, aussi bien de la période romantique nationale que de la deuxième moitié du XIXe siècle, les Belges ont été appelés à former et à cultiver leur identité nationale. Cet appel est presque toujours lié à l’affirmation de la nécessité de rejeter et de résister à la culture française et au son de sirène de Paris. La représentation de l’influence pernicieuse de Paris et de la culture française, et la France en général – pour cette contribution étudiée surtout à travers l’historiographie, la culture historique populaire et le théâtre (dans lequel la ridiculisation de la gallomanie est un thème privilégié) –, est presque omniprésente dans la culture belge du XIXe, et la véhémence avec laquelle cette image est avancée ne peut être comprise que par l’attrait et l’inévitabilité – et ...