La langue des journalistes est-elle dictée par le public ?Attentes supposées du public en Belgique francophone

Le public a tendance à être sévère à l’égard du français des journalistes, qui constitue à la fois le reflet et le modèle de la langue de la société. Vérifier la validité de ces critiques par une approche scientifique pose des problèmes méthodologiques importants. En s’inscrivant dans une autre voie, cet article s’attache au discours métalinguistique des journalistes. Il vise à comprendre la manière dont les journalistes considèrent le français qu’ils utilisent dans leur pratique professionnelle, au travers de la « relation » qui les lie à leur public. Nous avons interrogé 15 journalistes belg... Mehr ...

Verfasser: Jacquet, Antoine
Dokumenttyp: Artikel
Erscheinungsdatum: 2014
Schlagwörter: Journalisme / Sociolinguistique / Information et communication / public / langue / français / attentes / autorégulation
Sprache: Französisch
Permalink: https://search.fid-benelux.de/Record/base-26556451
Datenquelle: BASE; Originalkatalog
Powered By: BASE
Link(s) : http://hdl.handle.net/2013/ULB-DIPOT:oai:dipot.ulb.ac.be:2013/163501

Le public a tendance à être sévère à l’égard du français des journalistes, qui constitue à la fois le reflet et le modèle de la langue de la société. Vérifier la validité de ces critiques par une approche scientifique pose des problèmes méthodologiques importants. En s’inscrivant dans une autre voie, cet article s’attache au discours métalinguistique des journalistes. Il vise à comprendre la manière dont les journalistes considèrent le français qu’ils utilisent dans leur pratique professionnelle, au travers de la « relation » qui les lie à leur public. Nous avons interrogé 15 journalistes belges francophones. Il ressort de nos entretiens que les médias dans lesquels travaillent ces journalistes ne développent pas de politiques linguistiques fortes. Néanmoins, le français des médias est largement autorégulé par une série de facteurs. Parmi ceux-ci figure le public, ou plutôt les attentes de ce public, telles qu’elles sont imaginées par les journalistes.En effet, les journalistes justifient souvent leurs attitudes linguistiques par des considérations directement liées à leur public. D’abord, la volonté d’être crédible auprès de leur public incite les journalistes à une correction de leur langage. Cette correction constituerait également une forme de respect envers le public. Ensuite, les journalistes sont sans cesse préoccupés par l’intelligibilité de leurs productions :ils veulent être compris par un public le plus large possible, ce qui conditionne leur usage de la langue. Par ailleurs, ils semblent investis d’une volonté d’être pédagogues en matière de langue, et mettent en avant leur devoir d’utiliser un français exemplaire. Enfin, les journalistes ne veulent manifestement pas parler comme leur public, mais conformément à ce que ce public attend d’eux.Au final, faire parler les journalistes de la langue revient inévitablement à les faire parler de leur public. ; French-speaking Belgians tend to be harsh judges of journalists’ use of language, which serves both as a reflection and a model in society. Validating ...