Depuis que la Belgique existe, l’État intervient dans le secteur de la culture, il mène des politiques culturelles dont un aspect majeur consiste à octroyer des financements. Qui décide l’octroi des subventions ? Comment ces attributions sont-elles décidées ? Quels sont les critères de choix ? L’autonomie artistique des théâtres est elle préservée ? Quelle est la place d’un pouvoir politique démocratique dans des choix artistiques subjectifs ? Voilà quelques questions qui seront abordées au cours de cet ouvrage. Parmi nombre d’enjeux sociaux, économiques et artistiques émaillant la thématique, nous aborderons spécifiquement les liens entre culture et politique, entre l’art et l’exercice du pouvoir, c’est à dire la décision. À cette fin, la recherche se concentre sur l’analyse du processus décisionnel des politiques publiques de la Communauté française dans le domaine du théâtre, concernant principalement la période s’étalant de 2003 à 2016. Comment un État démocratique peut-il décider une action publique en matière culturelle sans prétendre au monopole de la culture légitime ? Décider les politiques culturelles en régime démocratique ne relève pas d’une évidence partagée. Il existe un paradoxe constitutif à leur existence : l’État est sommé d’ « agir sans agir » et d’être « neutre », il est appelé à œuvrer de manière impartiale dans l’intérêt des gouvernés tout en ne s’immisçant pas sur le territoire de l’autonomie artistique. À vrai dire, aucun pays ne semble avoir trouvé de système décisionnel qui paraisse satisfaire pleinement l’idéal démocratique ni, plus prosaïquement, les intérêts de toutes les parties prenantes. Chaque pays conjugue les impératifs démocratiques avec les contraintes du contexte historique, sociopolitique et culturel pour établir des institutions, des procédures et des discours aptes à asseoir et légitimer les décisions. Comment la Communauté française de Belgique tend elle à résoudre cette délicate équation dans le secteur du théâtre ? La plupart des typologies de politiques culturelles ...