International audience ; L’œuvre cinématographique des frères Dardenne (Jean-Pierre et Luc) est aujourd’hui bien connue et leur films de fiction (dix films depuis 1987) sont consacrés par la critique internationale. Ce cinéma se singularise depuis "La Promesse" (1996) par les objets de leurs fictions (le récit de vies singulières des classes populaires, le plus souvent les fractions les plus précaires et vulnérables) et des choix esthétiques : unité de lieu (la région industrielle de Seraing en Belgique), contrôle du casting, long travail de repérage des lieux et de répétition des scènes avec les acteurs en amont du tournage, tournage dans l’ordre du scénario, caméra à l’épaule, long plans séquences en mouvement, absence de musique ajoutée, etc. Le sociologue spectateur peut lire dans ces films des manières de raconter le social et en particulier des rapports entre fractions des mondes populaires en marge de l’État social. En ce sens, cet article se propose de croiser la trajectoire sociale et professionnelle de ces deux transfuges, l’évolution de leur point de vue esthétique vers une mise en scène qui joue sur l'aspect documentaire, et leurs productions.