La mémoire du génocide des Juifs est encore vivace dans nos sociétés contemporaines. Ce fait passé apparaît fréquemment dans l’actualité au rythme des commémorations régulièrement organisées. Mais que peut-il signifier aujourd’hui pour de jeunes générations qui en prennent connaissance à l’école, en famille, par la visite de lieux de mémoire ou encore par de multiples œuvres cinématographiques ? Les impacts de ces connaissances sont ainsi très peu étudiés, notamment en termes d’apprentissage d’attitudes et de comportements politiques chez des jeunes amenés à devenir les citoyens de demain. En s’inscrivant dans le champ de la socialisation politique, l’objectif de cette étude est justement d’analyser les conséquences de ces connaissances. Pour ce faire, de jeunes Belges francophones ont été rencontrés dans le cadre de groupes de discussion. L’analyse des échanges montre que ces jeunes ont tenu différentes expressions sociales et politiques à partir de discussions portant uniquement sur le génocide des Juifs. En soulignant l’importance du souvenir, en témoignant de multiples émotions et en mobilisant toute une série de valeurs, ils ont envisagé la transmission de ce fait passé. Par ailleurs, leurs connaissances et leurs perceptions de l’univers politique ainsi que la façon dont ils envisagent leur participation politique interrogent leur rapport au pouvoir politique. En explorant l’univers mental des jeunes à partir de la thématique du génocide des Juifs, leur prise de conscience des cheminements politiques conduisant à un tel fait est mise en perspective. C’est aussi l’éventualité de sa répétition ou encore l’effacement de sa mémoire dans la dynamique des générations qui est mis en questions et en débats.